Un petit tour et puis l'on s'en va - aux confins de l'Oberaletschgletscher

Au fond du glacier de l'Oberaletsch il y a l'Aletschhorn. Un joli sommet de Oberland, excentré de l'accès autoroutier de la Jungfrau. Excentré mais jouxtant. De part sa position géographique il fait fasse au géants de l'Oberland.

Devant à lui, on retrouve le Mittaghorn, Äbeni Blue, le Gletscherhorn, la Jungfrau, le Mönch, le Fiescherhörner, le Grünhorn, le Finsteraarhorn et encore bien d'autre caché derrière ces monstres. Même l'Eiger pointe son nez au loin. Tous ces sommets forment un énorme fer à cheval face à l'Aletschhorn. 

Un vrai combat de position d'être là sur la carte mais de n'être pas relié à ces sommets par une logique alpinistique ou skiante. Presque personne ne passe de la "Haute route Oberlandaise" aux "kleine gletscher" des versants Sud du massif.  

En pleine saison de ski de montagne, des hordes de skieurs arpentent les neiges crevassées pour rallier au mieux les refuges. Ils longent les faces N du Dreieckhorn, de l'Aletschhorn, du Sattelhorn, Schinhorn et du Breithorn en descendant le dernier jour de la cabane Hollandia en se disant que peut être un jour ils iront voir sur le versant Sud de ces sommets impressionnants. 

De l'autre côté, sur le versant Rhône de l'Oberland, on ne s'enfonce pas en montagne pour des tours sur des glaciers plats. Avant que la merveilleuse cabane biwack Mittelaletsch hütte ne soit emportée par une avalanche, il était possible de faire une traversée entre deux vallées. Aujourd'hui on vient se baser au refuge Oberaletsch et rayonner dans ce cirque incroyable. 

Vendredi 4 nous étions là haut. Il faisait chaud, trop chaud. Période de transition entre printemps et été, période ou l'on se pose la question si l'on passe en mode "Alpi" ou l'on reste en mode "ski de montagne"; Même la gardienne du refuge à préférée descendre pour remonter quand l'été sera vraiment là. 

Nous, nous avons fait le choix des skis. Et heureusement. Sans eux, il était impossible de remonter au pied de l'arête Ouest. 

Au cours de la longue montée au refuge, j'ai eu le temps de réfléchir à l'approche de ce sommet. A la pertinence d'aller là pour simplement gravir un sommet de plus en cette période ou de jour en jour les conditions varient d'excellentes à l'abominables. Une croix de plus parmi tant d'autres. Une croix qui n'avait aucune certitude de s'écrire tant les conditions étaient incertaines. Un isotherme à 3500. Des pentes remplies de neige qui déchargent au fil des heures quand la chaleur monte dès 3h du matin. Un ciel noir et chargé au levé de jour qui se transforme en jour blanc.  

Mais l'envie d'être en montagne supplantait les questionnements. 

Est il si important d'être sur que cela fera ? Est il logique d'avoir des réponses à tout, surtout quand le tout est de la montagne. 

Le gout d'aller voir, le gout de comprendre sur place si c'est envisageable génère déjà tellement de plaisir qu'il me semble que simplement aller voir puis envisager est une belle démarche. 

La semaine dernière, a force de chercher des infos si les conditions seraient parfaites pour la Verte j'en ai oublié le gout d'aller voir. Je me suis fait piégé par moi même. Interaction forte d'infos, valeurs de l'info... une complexité bien réelle à Chamonix. Je suis rentré dedans il me semble par soucis d'être "moderne" de ne pas trop s'appuyer sur ces acquis et son côté instinctif après avoir posé du factuel. 

On ne peut pas prétendre savoir renoncer si l'on ne va jamais voir. 

A Aletschhorn on été voir. On a pu se faufiler dans un petit créneau mais simplement le fait d'être monté voir donnait du sens au plaisir d'être au coeur des montagnes bien vivantes en ce moment. 

Voici quelques images