Par envie de partager les moments vécus là-haut mais aussi mes humeurs sur le métier de guide. jean@montagnesdumonde.fr tel : +33 607 019 579
Cela faisait longtemps que j'avais envie d'aller faire cette voie.
On en avait souvent parlé avec Jean-Pierre mais la distance en voiture pour se rendre là bas associé au créneau météo et aux conditions nous avait éloigné de se projet.
La semaine dernière, la météo tourne vinaigre sur Chamonix. Les orages se mettent en place et il est préférable de fuir.
Lundi soir, un peu tardivement, nous nous retrouvons donc 4, Jean-Pierre Pascal et Mamat pour monter au refuge. Partis à 14h de Servoz nous attaquons la montée au refuge seulement à 20h. Mais quand même après une bonne pizza italienne ;-)
En arrivant au refuge la gardienne à quelque doute sur le fait qu'il lui reste de la place malgré la réservation de Mamat. Au final nous avons pu trouvé 3 couchette l'une à côté de l'autre.
Arrivé à 21h - Couché à 21h30 - réveil 3h -> petite nuit !!!
En partant du refuge on se rend vite compte qu'il y aura beaucoup de monde dans la voie. Tous n'iront pas faire la voie Cassin mais en arrivant sous l'arête N, une dizaine de cordée sont déjà entrain de rejoindre la vire. Comme je n'aime pas çà avec Mamat, JP et Pascal on met le booster.
En descendant à la vire il ne reste plus que 4 cordées devant nous dont 2 cordées de guides Suisse d'Evolène très sympa. Les choses commence à se mettre en place -- ouf !
La voie est un vrai régale. Cassin à trouvé un cheminement à travers ces immenses dalles et dièdre.
Son premier bivouac il fallait le trouvé. Un petit éperon vient se coller quelques mètres sous un surplomb et laisse juste la place pour s'assoir à 3 personnes. Aujourd'hui on ne passe plus par cet emplacement en franchissant les dalles plus à gauche mais en se penchant au relai on découvre ce lieu. Quelques vieux pitons et une vieille corde sont encore présent.
En relisant l'histoire de cette face on découvre que Cassin et ses acolytes (V. Ratti et G. Esposito) n'étaient pas seuls. Ils ont rattrapés la fameuse cordée Molteni et Valsecchi dont Mario Molteni avait ouvert une voie magnifique 2 ans auparavant en face Sud Est du Badile.
Malheureusement Molteni et Valsecchi vont décédé d'épuisement et de froid à la descente. L'histoire ne retiendra que le nom de Cassin.
Pour nous cette ascension fut une pure merveille. Jamais trop dur mais suffisamment exigeante pour garder une concentration. A 14h nous sortions de la voie.
De là 2 possibilités s'offraient à nous :
- Descendre sur l'arête N : longue descente avec un retour surement tardif au refuge Fura
- basculer sur le versant italien et descendre au refuge Gianetti et delà deux options sont possible pour revenir à la voiture : soit descendre dans la vallée et rentrer en taxi (hors de prix) soit revenir sur le refuge Fura par les cols Porcellizzo et Trubiscana (long et cela nécessite un piolet et au moins une paire de crampons par cordée)
Nous avons finalement opter pour une troisième solution : dormir dans le petit bivouac au sommet en profitant de l'après midi perché là haut et de redescendre par l'arête N au petit matin. Pour moi c'est surement la plus belle des solutions pour profiter de l'ambiance de ce sommet.
Un grand merci à Pascal et Jean-Pierre de nous avoir suivi dans cette idée de Piz Badile.
Voici quelques photos : au fil des photos vous découvrirez un peu tous les passages marquant de la voie (le dièdre Rebuffat, les traversées en dalle, le dièdre en 6, la cheminée finale, le bivouac) mais aussi la descente de l'arête N.