Par envie de partager les moments vécus là-haut mais aussi mes humeurs sur le métier de guide. jean@montagnesdumonde.fr tel : +33 607 019 579
Par monts et ripailles.
Un début du Grande Tor des Géants à ski
Oh mon dieu ! Comment ai-je pu manger autant ? Suis-je devenu fou ?
Allongé sous la lucarne, les étoiles au-dessus de moi, baigné dans la clarté de la presque pleine lune je peine à digérer. Ce n’est que le début de ce Tor des Géants à ski et déjà nous avons plongé dans les plus belles saveurs italiennes de la vallée d’Aoste. Paul nous a ouvert les portes de sa Baïta. Une porte lourde en vieux bois qui donne accès à l’antre de cette vieille bâtisse finement restaurée. La pierre se mêle au vieux bois. Ici le poids de l’histoire, des chasses montagnardes, se mêlent au saveur de nourriture raffinée.
Demain nous sommes en bivouac. Celui perché au loin dans cette vallée de Vertosan. Il ne voit passé presque que des randonneurs estivaux. L’hiver, personne ne vient basculer derrière les crêtes de la Testa di Fra. Quel intérêt il y aurait-il à prolonger les heures de ski pour découvrir cet abris ? Comme une boite de conserve jeté dans la nature, il trône dans ce paysage doux, ou les montagnes se prêtent à la trace en rondeur. Pas de conversion, juste le relief qui suit la courbe des skis et nous mène à la tête de Seraina. En regardant la carte je me demande quelle imagination ont eu ceux qui ont donné les noms aux col et presque sommets de ce cirque : le sommet de tête des Frères, la combe de la soirée, le sommet du rayon… mais avec la connotation italienne tous ce noms deviennent enchanteur.
Adossé derrière l’immense baie vitrée je regarde c’est joyeuse bande. Il y a le Sim qui malaxe le Birch pour demain, Aude qui chante à tue-tête un tube des années 80, Anne et les autres qui inventent les nouvelles règlent d’El Ocho. Ce jeu ou rien n’est figé. Les codes se modifient au fil des heures à tel point que tu peux perdre tous tes points en un seul jet. Tous cela pour le plus grand plaisir des autres !
Le jour baisse, les sommets s’embrasent, il est temps de cuisiner cette traditionnelle semoule au thon aussi bien que possible sans penser au repas d’hier. Tetris sera le jeu pour dormir à dix sur les quelques matelas.
Derrière Vertosan il y a Notre Maison. En fin d’après-midi après avoir gravit un énième sommet, par des pentes poudreuse puis herbeuses soupoudrées de neige nous voilà dans la chaleur de la cheminée de cette auberge. Arrivée ski au pied, le plaisir est dans la découverte de ce qu’il y a derrière la porte. Surprise !
La face Nord du Mont Fallère nous a repoussée. Le vent furieux nous chassé vers la vallée Thouraz ; abrité contre le mur de cette petite bergerie j’observe le déchainement des panaches de fumées de neige sur les crètes. J’imagine ce que cela doit être là-haut dans le ventilateur, tel des feuilles mortes se faisant balader. Nous aurions l’air malin.
15h24 nous déchaussons au bord de la route. Les taxis pour nous emmener à Nus sont là. Quelle errance finalement pour réussir à basculer versant N ! Quand nous avons renoncé au mont Fallère c’était logique. Pourtant plus bas nous sommes remontés entre les alpages de Chésère. Pour le plaisir de découvrir, pour le plaisir du ski et finalement la bascule s’est faite. Derrière le col 500 mètres de poudre, un chemin forestier scabreux, une piste, un quart d’heure de bartassage dans la forêt et les derniers champs pour rejoindre la route. Magique.
On peut avoir prévu toutes les alternatives possibles sur une carte ou sur une CSV la veille rien ne remplacera les yeux et l’instinct. Celui qui nous fait renifler la montagne et prendre les bonnes décisions. Il faut le cultiver cet instinct, en prendre soin pour l’agrandir et ne pas passer trop de temps sur les écrans.
La suite nous fit découvrir l’histoire de la famille Rosset son agritourismo. La ferme situé dans les alpages de Tsan alimente la table d’hôtes de Nus. Une maison de caractères bien surprenante. Le silence et la pierre de la salle à manger nous plonge avec puissance dans les siècles de la famille Rosset, La salle de sport entre les arcade en pierre du sous-sol est surprenante. Les chambres des merveilles d’architecture.
Le couloir Sud improbable de la Becca de Fontaney aura notre préference pour rejoindre la magie du refuge Magia ! Et l’arrance continuera à travers les bivouacs cols et pentes. Ce relief marqués me surprend. Au fond des combes il faut jongler autour de lac et petit cols.
Le bouquet final de cette traversée sera la descente sur Breuil le long de la grande Muraille. Comme un grand coup de couteau à travers la montagne cette combe suspendue de Vofrède est providentielle.
Mille merci à ceux qui rendent ce val d’Aoste aussi merveilleux. Je ne me lasserai jamais d’errer au fil des cols et montagnes.
Merci aux compagnons Florence, Aude, Anne, Pascal, Didier, Walter, Julien, Loïc et bien-sur mon valeureux secrétaire Simon 😅