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6 mars 2024 3 06 /03 /mars /2024 11:23

Pérégrinations Italiennes :

Il y avait ce raid sur le tour de Montagnes d’Andorre qui me tentait – La logistique était en place, le train était réservé pour St Gervais les Bains le Fayet  Pas de la casa, les hébergements bloqués et même payés entièrement pour le refuge d’Illa.

Et puis … et puis, la neige n’est pas arrivée. Mi-février, 2 semaines avant le départ, assis dans une taverne autrichienne devant une weissbier, je découvrais à la télé les langues de neige aménagées pour une étape de la coupe du monde de géant féminins sur les pistes d’Andorre. En dehors de cette trainée blanche tout était cailloux. David du ref Illa a bien essayé de me faire croire que l’on atteignait son refuge ski au pied, je n’y croyais plus.

Alors il devenait évident qu’il fallait rapatrier ce projet de raid dans les Alpes pour chercher un peu de neige. Bien sur la perturbation qui arrivait allait changer la donne. Des paquets d’intempéries allaient se déverser autant sur les Pyrénées que sur le massif Central que sur les Alpes. Mais par ou allait elle arriver ? Ou fallait-il envisager de skier entre neige suffisante, météo suffisamment clémente et risque nivologique suffisamment acceptable.

Comme au boogle j’ai secoué la boite à outil et tenter de lire un mot de massif.

La porte du Van s’est fermée, les skis à la main nous avons rejoint le chemin forestier pour le hameau de Chabaud d’Amount. La neige est « peu » comme dirait-on par ici. « Mais ça va, on fait comme çà ». Au-dessus le pic de Dormillouse et ces crètes, comme des aimants nous tirent. Ce soir nous irons au refuge Mautino. J’aurai aimé passer la nuit au bivouac Coradini mais la perturb arrive à grand pas. Mieux vaut être bas dans les mélèzes que haut logé dans le grand blanc.

Il a neigé cette nuit – 10, 20, puis 30, puis 50 puis un beaucoup plus – Franscesca avec son sourire en coin qui me déstabilise à chaque fois que je la croise, m’a dit « ma pourquoi tu restes là ? Il faut descendre » « ma parce qu’il y a de la neige et que j’ai envie d’aller tracer, mais aussi parce que ton vin est bon et que je dors bien chez toi ». Et puis … « tu sais en bas je ne sais où aller. Je ne sais plus où est l’histoire suivante de cette semaine de ski ».

Au bout de la piste, en passant le pont sur le Thuras, il y a ce hameau de Rhuiles qui semble endormis. Quatre vieilles bâtisses se nichent le long du torrent. Une est refaite merveilleusement. La pierre se mêle aux poutres de mélèzes et de grandes baies vitrées sous les toits laissent apparaitre un intérieur cosi ou il doit faire bon finir une journée à bouquiner devant un feu de bois. Aujourd’hui tous semblent endormi. Pas une lumière. Juste la neige qui contraste sur la pierre et le bois. Moi je voudrai aller tracer les pentes jusqu’à la Cima del Bosco. Celle qui domine par des pentes douces les alpages. Mais une légère odeur de feu me pousse à me faufiler à ski entre les masures. Il y a-t-il des habitants à l’année dans ce hameau isolé ou la route n’est pas déneigée l’hiver ? Devant la plus ancienne, un vielle homme sort d’un sous bassement en forme de cave. Péniblement il franchit les quelques marches de pierre muni d’une jarre en verre remplit d’un liquide jaune. Surpris l’un comme l’autre nos regards se croisent. Nous échangeons avec ces quelques mots de français. « Ma la femme parle meglio di moi » Alors il appelle Olga. Petit bout de femme tonique, Olga nous explique qu’avant ils accueillaient dans leur auberge des clients pour la nuit et le repas. Aujourd’hui à 88 et 90 ans ils ont l’énergie que pour offrir à boire ou un café. Par contre Carlo passe une partie de son temps à faire macérer des herbes dans l’alcool. La cave qui est plutôt une taverne est tapissé de bouteille de toute taille ou la couleur de liquide ressemble bien à du Génépy.
« oui bien sur le génépi – ma en vieillissant je ne monte plus dans montagna – le serpolet est le génépi des vecchio - basta chinarsi per raccoglierlo in giro per casa »
Les verres se sont remplis, nous nous sommes raconté un peu nos vies, surtout la leur, le hasard de nos amis commun. Sacré Alberto Torre, pionnier en autre avec Michel Cormier des explorations à ski en Albanie en 1993. Des guides qui sont des phares pour moi.

Et puis nous sommes repartis pour la Cima di Bosco. Comme si nous devions encore un peu savourer le liqueurs de Carlo, haletant sur chaque pas dans la neige profonde, j’ai expié les odeurs ou la plante se cache dans les effluves d’alcool. Au sommet la petite cappella nous accueillit le temps d’enlever nos peaux et de nous laisser glisser dans la neige si profonde que nous demandions si nous avions des skis.

Et pour la suite ? Où aller ? Revenir côté français dans le Champsaur quand la pertub est passée, mais les risques seront-ils acceptables ?

J’ai préféré remonter dans le val d’Aoste. Les vallées de mon enfance.

Trente années que je passe à Aymaville pour aller à Cogne et jamais je ne mettais arrêter pour manger la Tagliata de bœuf arrosé d’enfer ! Dans cette assiette posé fermement par la taulière du Grizzly, se mêle douceur et caractère. Tendre, suave et juteuse on oublie presque que c’est de la viande quand le vin nous rappelle que nous sommes sur le versant du soleil des alpes. Intense, puissant ce cépage petit rouge me secoue les papilles tout en croquant dans les feuilles de roquettes. C’est un étrange sentiment qui me surprend d’année en année, de journée en journée que je passe dans cette vallée d’Aoste. Il y a cette attention incroyable à façonner, restaurer, aménager, perdurer l’histoire des villages et des hameaux. Comme si l’histoire était immuable et qu’elle se devait de suivre une ligne continue, les valdotains ont une volonté sans faille que leur vallée soit belle, choyée. Que le visiteur s’y sente bien. Et pourtant il y aussi se caractère fort qui se ressent. L’encorbellement, la fioriture n’existe pas. Il y a l’exigence qui se dessine dans les rapports humains.

Malatra, ce col qui passe sur la combe de Merdeux pour rejoindre le grand St Bernard, fut long et besogneux à tracer dans le brouillard. Mais dans les derniers cent mètres en me retournant pour voir le chemin avancé, la lumière du soir se faufila sous les nuages et laissa apparaitre un paysage lumineux. Tout était doux et calme. Pas un bruit, pas de vent, juste des lignes de lumière qui se glissent entre les nuages. Il était temps de descendre au refuge Bonatti. Je n’ai pas été convaincu par l’arrivée de la nouvelle tenancière. Mais laissons-lui le temps…

Au petit matin le fond du val ferret eu notre préférence pour aller skier à la tête de Ferret. L’occasion de revoir l’emplacement du camping que mes parents tenaient dans les années 70/80 à Arnouva. En longeant la face sud du Gruevetta je me revois petit gamin jouant dans le torrent et observant Gian Carlo Grassi qui partait pour essayer de trouver un emplacement pour construire un bivouac en mémoire de son ami Comino décédé deux avant dans le sérac de la Poire. Nous sommes montés au col Ferret et à sa tête mais nos yeux n’ont rien vu. Alors nous avons filé à Lavachey nous empiffrer d’un « chocolate con la crema » comme seul le val d’Aoste s’est faire !!!

Merci l’équipe de m’avoir suivi dans ce cheminement « della settimana » ou la « neve era alta » et la « cibo delizioso come le riunioni »
 

Pérégrinations Italiennes :
Pérégrinations Italiennes :
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