En rentrant des aiguilles du Diable je savais que j'avais rendez vous le lendemain pour partir sur Peuterey par les vires Schneider.
L'ambiance sur les aiguilles du Diable, le froid accumulé me donnaient qu'une envie rester à la maison. Je ne me sentais pas de remettre le couvert dans un long combat contre le froid et la neige surtout sur Peuterey.
Un petit coup de téléphone a Armando le gardien du refuge de Torino et Monzino m'a rassuré. Il a vu une trace sur la Blanche de Peuterey. Il pense qu'il y aura au moins deux cordées qui seront passées, je n'aurai pas à faire la trace sur le grand pilier d'Angle.
En quelques minutes je me remotive, boucle le sac et file rejoindre Jean Pierre dans le Val Veny.
Que c'est bon de remonter cette vallée. C'est fou comme je suis accroché à cette ambiance. En ce moment rien de sauvage, les camping sont pleins et les bords de la rivière sente la crème à bronzé. Mais dominé par d'immense faces ce fond de vallée est tout ensoleillé et calme. Est ce les mélèzes qui lui donne cette ambiance, est ce ces maisons aux toits tout en pierre, est ces chemins qui partent serpenter à flanc de montagnes les plus abruptes du massifs ?
Dans la montée à Monzino, l'objectif est de récupérer et surtout de ne pas forcer. Etre la haut ce soir est vraiment agréable. Mao et son équipe sont au top de l'accueil.
Pas facile de quitter cet endroit au petit matin. Heureusement la montée au col de l'Innominata se passe facilement. La neige sur le glacier du châtelet remonte haut. Le dièdre final est court. Sur l'autre versant on plonge dans un autre monde. Le glacier du Freney est surement un des endroits les plus sauvage du massif. Errer à travers les crevasses pour rejoindre l'autre rive est un jeu cet année. Il y longtemps mon père avait mis presque une journée pour rejoindre le pied de Noire avant de gravir la Ratti. Cette année c'est presque de la randonnée glaciaire.
Les vires Schneider se faufilent au pied de l'aiguille de la Gugliermina. Avant de rejoindre notre boite de conserve Craveri comme l'a caractérisé un amie sur FB.
L'avantage de passer par Craveri c'est que l'on profite d'un après midi entier dans ce lieu. Percher contre la paroi, à la brèche des Dames Anglaises entre l'aiguille de l'Isolée la Blanche de Peuterey, Craveri est un refuge dans le premier sens du termes. Un lieu ou l'on est content d'arriver quelques soit l'itinéraire par lequel on accède. Ici peu de place pour se détendre. On ne joue pas au foot et même pour aller au wc il est limite de s'encorder. Et pourtant passer quelques heures là sont magiques. Malheureusement le petit tonneau qui sert d'abris se meurt. Les tôles sont disjointes, le volet arraché par une tempête et la vitre cassée. Le bois à vieillit et laisse apparaitre le jour. Que faire ? Les quelques heures la haut mon laissé le temps d'imaginer des solutions.
Vers 16h on voit débarquer tranquillement Mathieu Detrie. Il arrive de l'intégrale. Sa fraicheur est surprenante on dirait qu'il arrive d'une arête des cosmique !!! Ah ces jeunes
Quelques temps avant une autre cordée d'italien à suivit le même itinéraire que nous pour rejoindre le bivouac. Ce soir il y a foule. Mathieu et moi dormirons dehors. Le plaisir d'une nuit sous la pleine lune !!!
1h25 la montre sonne. Dans une énième sursaut je me suis rendormis vers minuit. Cette nuit j'ai eu trop chaud. Alors sortir du duvet se fait sans problème malgré l'heure matinale. La montée à la Blanche est pour moi un terrain que je connais presque par coeur. Traverser, monter, descendre remonter, traverser........un long cheminement ou il ne faut pas se laisser embarquer la ou c'est évident.
Le jour se lève quand on arrive sous la blanche. La vue à 360° laisse la place à découvrir toute la palette de couleur qui puisse éxister pour caractériser un lever de jour. Du noir au parme, du violet à l'ocre, du rouge vermillon au jaune éclatant.
La traversée de la blanche permet de découvrir les piliers en arrière plan. Le majestueux Freney bien sur mais aussi les moins connus : le Bonatti, le Gervasutti, le dérobé, le Seigneur... qui les a gravit récemment ?
Nous direction le grand pilier d'Angle. Les chaleurs élevées nous font fuir l'idée de remonter le couloir Eccles. Depuis ce matin avec Mathieu nous avons décidé de fonctionner ensemble. c'est agréable d'être deux cordées qui s'apprécient qui s'aide. Vers 12h30 nous basculons sur le Mont Blanc de Courmayeur. Une page se tourne, il faut penser à la descente, faire retomber la pression tout en gardant la concentration. Ne pas penser déjà aux courses suivantes pour encore garder le plaisir de celle là.
Merci Jean Pierre pour ces moments. Merci Mathieu et Nicolas d'avoir été là.