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23 février 2023 4 23 /02 /février /2023 18:07
Picos d’Europa à ski –
Tu sais le prix que çà coûte ... d'y aller ?
 

 

Dimanche 29 janvier, Posada Del Valdeon. En écartant les rideaux de la chambre de la casa comunal, je découvre un théâtre de hautes montagnes. Les parois qui dominent le village sont si immenses qu’elles se glissent dans les ruelles. Entre les maison je les aperçois comme si elles prenaient naissances derrières les murs et rejoignaient le ciel. Aujourd’hui elles sont plâtrées de neige. Les crètes fument d’un panache blanc. Hummm quel décors. Les ruelles sont remplies de neige. Le bar n’ouvre qu’à neuf heure. Une heure espagnole qui nous va très bien en cette fin janvier ou le froid est mordant. Patientant j’erre dans ce village comme un cabot affamé de poudre. Elle est là pour nous cette semaine. Mes compagnons se réveillent et me rejoignent, à leur sourire je devine leur bonheur d’être là.
1984, les roues crissent dans les virages des gorges de l’Arly, la R14 jaune canari chargée à la gueule tangue, fait des ambardées mais Eric dit « pounchette » continue d’accélérer. La vitre baissée alors qu’il fait un froid de gueux, le coude à la portière, la Malboro coincée entre les lèvres, ses yeux suivent péniblement les phares pour anticiper. Petit et trapu, Eric est collé contre le volant. Ses mains de plâtrier-électricien empoignent le volant pour le tordre. Avant chaque courbe serrée, il monte debout sur la pédale de freins puis se laisse choir violemment sur le siège pour enfoncer la pédale d’accélérateur dans le virage en criant « Tu sais le prix que çà coute !!! » A l’arrière, coincé entre deux sacs, jeunes ados puceaux que nous sommes, Xav et moi nous crions aussi fort que lui. Je ne comprends rien à ces paroles sans queue ni tête mais je découvre le rock version Jean Patrick Capdevielle. « les fantômes des marchands de certitude se sont misés jusqu’à ma lune, reprochant mon attitude …. C’est pas très populaire le goût de la solitude »…
J’ai 13 ans, je vis à Lyon dans une banlieue verte où la bourgeoise se calfeutre derrière des hauts murs entourant sa villa tandis qu’avec mes trois sœurs et mes parents nous nous entassons dans une longue caravane espérant finir, dans quelques années, la réfection d’une ancienne blanchisserie en demeure envieuse. Quand le we arrive, je rejoins mes copains du club d’escalade hot-roc. Direction le sud pour grimper ou Chamonix pour grimper. Avec eux pas de limites. Ils roulent à fond, ils ne payent pas les autoroutes, volent dans les magasins et fument des clopes autour d’un feu de bois quand le soir est venu. Déjanter n’est pas envisageable. S’attacher avec une ceinture, c’est comme s’encorder sur les glaciers, il n’y a que les nuls pour le faire ou alors les bourgeois de l’ouest Lyonnais en Mercos. Les autoroutes sont des accélérateurs pour rejoindre les montagnes où les péages se grillent.
40 ans plus tard, derrière ce cri du cœur « tu sais le prix que ça coûte » je mesure cette folie de vivre. Cette fureur de tout griller, sans concession. Du caillou à l’automne, de la glace en hiver, des sommets en été. Entre temps un peu d’école. Rentrant chez nous, Xav écoutait ses vieux lui seriner d’étudier pour avoir un vrai métier moi je lisais et j’allais de moins en moins au lycée. Les années ont passé, j’ai couru le monde, gravi des hauts sommets, skié des pentes enneigées lointaines, brûlé du kérozène pour rallier le Japon un samedi soir quand le dimanche suivant je rentrai pour refaire mon sac à la maison et rejoindre frénétiquement l’aéroport pour attraper un vol pour les neiges Iraniennes. Ma soif de découvrir ne se rassasiait qu’avec une fatigue jet laguée. Quand le jour se levait mes yeux se portaient sur les montagnes et le soir je rêvais déjà où j’irai le mois prochain, l’année suivante…
Il y a quelques années j’ai lancé l’idée d’aller skier dans les montagnes de la péninsule Cantabrique. Cette péninsule espagnole située à l’ouest des Pyrénées en bordure du golfe de Gascogne qui s’étend sur plus de 500km. Elle traverse trois régions, la Cantabrie, les Asturies et la Leon. Ces montagnes sont plus connues pour les grandes envolées d’escalade avec le fameux Najanjo des Bulnes. Pour y aller rien de plus simple : un vol pour la ville de Santander située au bord de la mer, un transfert dans le massif.
Mais cet hiver-là la neige n’est pas tombée, les faces sont restées colorées, les pierriers sec et les petites stations de ski fermées. Nous, opportunistes de la belle neige sommes partis ailleurs. A quelques semaines du départ j’ai réinventé l’histoire, acheté des billets d’avion pour Tirana et par facilité organisé un trip dans les monts incertains Gramos. Ces montagnes qui bordent la frontière Albanaise / Grecque. Nous partions cette année-là pour un road trip où la recherche de la neige guidait nos spatules. Les Gramos, les Zagoria, le mont Olympe et ses satellites puis les montagnes de Sharr. A l’image de mon adolescence, avec cette fureur de vouloir être au bon endroit au bon moment je bondissais et n’hésitais pas à transiter pour rallier les montagnes. Peu importait les moyens l’essentiel était de skier, d’explorer à la mode 21ème siècle en cherchant les montagnes enneigées. J’avançais, rebondissais face aux contraintes pour au final de jolis endroits découverts mais en usant de moyens.
Depuis cet échec d’aller en Cantabrie, j’ai retenté ma chance. En 2021, la neige s’accumulait en décembre. Les ruelles de Posada del Valdeon se colmataient au point que les tracteurs poussant la neige, restaient bloqués. Un rêve pour nous chercheurs de neige lointaine. Cet hiver-là, le virus a bloqué les frontières à quelques jours du départ. Nous sommes restés skier dans l’hexagone et les Picos un rêve. Et le temps d’arrêt m’a fait réfléchir de comment je voulais voyager.
Depuis, je veux essayer de voyager en train pour rejoindre les montagnes. L’année dernière dans les Abruzzes, cette année en Espagne. Le bruit lancinant qui se mêle aux bercements des variations des rails quand derrière la vitre le paysage défile, me plait. De la nuit noire au coucher du jour, des banlieues sordides au prairies infinies de la Beauce, des montagnes qui se devinent comme leurs noms s’éloignent le temps de m’en rappeler. La pluie lave cette vitre salle, le soleil la sèche et m’éblouie. En pensant y aller en train j’ai voulu me rapprocher de ce qui m’a motivé à aller loin. Voyager, m’immerger, prendre le temps de penser, prendre le temps de discuter. Accepter ce temps de transport comme un sas qui nous ouvre petit à petit les portes des montagnes convoitées. Alors j’ai planché. J’ai cherché les connexions, envisagé un passage le long des Pyrénées, regardé si l’option par Barcelone puis Madrid n’était pas la mieux. Pas simple. Le mieux semblait quand même de rallier la côte Basque puis de la longer. J’alternais les moments de certitudes aux moments de doutes. Un savoir logistique qui se dissolvait par des outils manquant. Je sais acheter les bons billets d’avion, je sais trouver les bons partenaires avec qui travailler dans les pays même les plus hasardeux. Mais pour rejoindre des montagnes espagnoles en transport en commun je bute. Faut-il tenter la trapanelle de train espagnol qui met seulement 9h30 pour faire 255km entre San Sebastien et Unquera ? Et puis combien cela coûte t’il ? Un aller/retour sur Santander depuis Genève est vendu 130€ enregistrement des skis compris. Le train pour seulement aller à Hendaye depuis Annecy est 313€. Il faut rajouter l’aller et retour à Annecy, la location de minibus…Il me faut trancher : nous irons en train jusqu’à Hendaye puis en minibus de location. Mais pour l’instant attendons car en cette fin d’année la neige n’est pas encore là et surtout peu de personne ont envie de s’embarquer dans cette histoire pas si aventureuse. Certaines réponses à mes sollicitations trouvent le trajet trop long, d’autres trop cher pour un pays comme l’Espagne, d’autres encore hasardeux au niveau ski ….
Posada de Valdeon, ruelle calle générale, bar El Sedo. La fumée est dense en poussant la porte je me demande bien dans quel bar de chasseur nous sommes rentrés. Ici on fume dehors mais aussi dedans, une Estrella Galicia à la main. La route a été longue depuis ce matin ou nous sommes partis de Chamonix. A 4h30 Nous avons rejoint la gare d’Annecy en voiture, puis la gare de Lyon à Paris en train. Un bus nous a déposé 30mn plus tard gare Montparnasse. Le TGV atlantique nous a emmené en gare d’Hendaye. Et delà en minibus nous avons rejoint les montagnes enneigées des Picos d’Europa. Le dernier col avant de descendre au village à été sportif à négocier. Il neigeait à l’horizontale et la route était bordée par des murets d’un mètre de neige. 17h de chez moi au bar El Sedo. Un long trajet mais réussi dans la journée.
Miguel nous attend, il a réservé le bar pour le repas du soir. Le seul ouvert en hiver. Alors tous le village s’est réuni pour nous attendre. Les jeunes, les vieux, les enfants, ils sont tous là à nous regarder se demandant bien ce que nous venons faire dans leur village un jour de grosse neige. Nous hébété, grogui par les kilomètres, comprenant un mot sur cent parmi le jargon parlé, nous enfournons goulument la potée d’haricots blanc au lard et à la saucisse arrosée de rouge fort. Vivement que nous aillions dormir.
Comme un enchantement, un fil qui se déroule sans de rompre, la semaine va s’enchainer. Après une journée sur le Torre Bernaja nous voilà à traverser sur le village d’Espinama après un aller et retour sur le canal Chavida pour juste le plaisir de la poudreuse en versant Sud. Cette arrivée ski aux pieds dans les ruelles d’Espinama restera un souvenir unique. Quelques kilomètres plus haut, les derniers champs franchis en sautant au-dessus des murets nous ont posé au bord de la route. Tout le monde a mis ces skis sur le sac pour les 2km qu’il restait. Moi vieux fainéant de la marche, j’ai rechaussé le long des talus. Quand j’ai doublé Jacques, il n’a pu s’empêcher de faire de même. Finalement nous sommes tous arrivé ski au pied entre les maisons de pierre du village. Jesus nous attendait. Il a quitté son troupeau de vaches le temps de nous ouvrir le seul hébergement possible, la Remona. Une rencontre d’une sincère gentillesse. Le lendemain nous partions dans le vallon versant Nord qui domine le village. L’appel de la poudre !!! Car le lendemain nous sommes allé à Fuente Dé. Le seul téléphérique des Picos central qui permet d’aller skier au pied des grandes faces de calcaires puis de rejoindre Sotres par une longue descente skiante dans la vallée sauvage de Carrazo. L’arrivée au col de Los Horcados avec le Najanjo en arrière-plan me laissera le gout de revenir poser mes mains sur ce cailloux. Il se lève droit au-dessus de la platitude du col.
Sotres, le village tout au bout de la route. Juanjo a accepté d’ouvrir son hôtel pour seulement deux nuitées. Quel accueil ! si cosy, si chaleureux. Ici le camp de base est parfait pour plusieurs jours. Des couloirs, des combes, des crètes à parcourir. On peut même rejoindre le refuge de Caseton de Andara gardé les we. Pour nous ce sera la traversée sur Potres par le canal San Carlos. Nous nous ferons récupérer dans le petit village de Colio et finir par une dernière journée au col San Glorio. Quel enchantement ce tour !!! De la neige poudreuse pour des virages légers, des hébergements ou pousser la porte signifie beaucoup, des rencontres surprises comme celle avec Chamoso dans Sotres. Un guide qui connait tant d’ami.
Il faut passer du temps en intersaison pour créer cette opportunité de voyage. Prendre le temps de contacter les hébergements pour qu’ils acceptent d’ouvrir, de nous régaler de leur spécialités. Mais aussi sur « comment voyager » Il faut que je progresse encore sur la plus belle manière de voyager, le train, le bus…Si demain je continuerai à partir en avion loin, l’année prochaine j’espère aller encore un peu plus loin grâce à ces moyens moins impactant ou le cout ne se rapporte pas qu’à notre compte en banque mais à la trace que nous laissons. Réduire mes trajets en avion pour tendre cette toile vers les destinations accessible en transport en commun. Pour cela il me faut aussi réussir à emmener des compagnons de voyage dans ce process.
Merci Gabie, Walter, Jacques, Guy, Guylaine, Gilles, Olivier, Julien et bien sur François Damilano d’avoir cru en cette histoire qui ne fait que commencer.
Demain je reviendrai surement en Espagne pour découvrir les montagnes qui dominent les terres viticoles de la Roja avec le mont San Lorenzo, le mont Almanzor en sierra des Gredos. Celles de la Sierra de Cazorla et pourquoi pas en en Sierra Nevada non loin de cette jolie ville chargée d’histoire de Grenade.
Picos d'Europa - Tu sais le prix que cela coûte ?
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